Une béninoise à Kinshasa

Kinshasa, ou comme on l’appelle aisément « Kin la belle », capitale de la République Démocratique du Congo (ou ex-Zaïre), une ville presque aussi grande que mon cher pays, le Bénin, tout entier, considérée comme la plus grande mégalopole d’Afrique subsaharienne, la plus grande agglomération francophone du monde.

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La République Démocratique du Congo ou RDC, le pays de grandes icônes qui font la fierté de l’identité africaine, de Patrice LUMUMBA au Dr Denis MUKWEGE, prix nobel de la Paix à Oslo, à feu Papa Wemba, ou encore à Fally IPUPA, Lokua KENZA, Tsala MUANA ou que sais-je encore. Un pays qui fait parler de lui sur le plan culturel et artistique, sur ses richesses minières, sur ses histoires inspirées de légendes urbaines africaines que nous connaissons trop bien, telles que les maladies (Ebola), la guerre, l’insécurité, la pauvreté et la corruption.

Moi, tout ce que je connaissais de Kinshasa ou de la RDC, avant d’y mettre les pieds, c’était sa diaspora, en France et en Belgique, qui ne retranscrit pas souvent une image fidèle et positive, en alimentant parfois une réputation peu flatteuse ; mais également quelques congolais (kinois) qui savent sortir du lot, pour ne citer que ma chère amie Falone SHIMBA, fondatrice de l’espace de co-working KAZI HOUSE.

Mais il fallait absolument que je vienne découvrir par moi-même ce que cette fameuse ville avait à offrir et poser cette fameuse question :

Quels sont les bons côtés de Kinshasa ou de la RDC ?

Parce qu’en bonne afrocentriste, je n’allais certainement pas me laisser décourager par des préjugés, les mauvaises expériences de certains ou simplement quelques congolais sur le tas.

L’Afrique c’est « notre » Afrique, on l’aime ou on la quitte.

J’y ai finalement atterri un jeudi 11 avril 2019, au-delà de minuit… Fatiguée par un long voyage avec un transit de 8h00 à Abidjan, que soit dit en passant je ne regrette pas… Impatiente et curieuse de découvrir cette ville mythique qui est réputée pour avoir autant, sinon plus, d’églises que d’écoles, pour sa musique et son histoire. J’avais juste 4 jours pour me faire une idée claire et objective des kinois et de Kinshasa.

Tout d’abord, j’ai eu la chance d’être accueillie en grande pompe, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, et d’éviter les mauvaises surprises des agents de l’immigration ou de la douane. Salon présidentiel, comité d’accueil de la Présidence et voiture personnelle, tout y était pour la modeste personne que je suis. Mais par chance, j’étais invitée d’honneur dans le cadre d’un événement : le Kinshasa Digital Week, pour parler de l’expérience du Numérique au Bénin et de ce que notre administration avait réussi à réaliser ces deux dernières années.

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Sur environ 60km, le long de la route de l’aéroport vers mon hôtel situé en centre-ville, j’ai tout de suite été marquée par trois (3) choses en arrivant : une église en bord de route encore active et presque pleine à plus d’1h du matin, une ville peu éclairée et un contraste urbain aux airs de Lagos, où coexistent côte à côte des secteurs résidentiels et commerciaux huppés, des universités, des camps militaires et des bidonvilles.

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Au-delà de cette première expérience nocturne et malgré la connexion excessivement instable du SULTANI, soi-disant l’un des patrimoines mythiques et l’un des plus vieux hôtels de la ville, les choses ont évolué vers une note positive : les kinois.

Oui, il ne faut pas le nier, les kinois ont l’air parfois très familiers aux premiers abords (le « tu » n’est jamais loin), mais ce sont incontestablement des personnes accueillantes, chaleureuses et disponibles.

J’ai rencontré en deux (2) jours, une jeunesse créative, dynamique, cultivée, alerte, un écosystème en pleine mutation, une diaspora béninoise complétement intégrée et une vision qui se dessine et s’affirme de plus en plus. Pour ne citer que Ingenius City, Congolia, CongoPositif de la jeune Aurore MUANGO , AKILI,  Kin startup Academy de mon compatriote béninois Shola DEEN ou Terroirs d’Afrique de Félix MANGWANGU, j’ai découvert de belles initiatives, des personnalités riches d’expériences, ouvertes d’esprit, curieuses, décomplexées, et purement panafricaines ou afrocentristes.

Kinshasa, est définitivement une ville vivante, remplie de potentiels.

Une ville très en avance en matière de fintech, d’inclusion financière, d’innovation. L’entrepreneuriat y est une fièvre contagieuse. Les femmes sont engagées, très impliquées et entreprenantes. Je n’avais jamais vu sur des panels d’échanges lors d’un événement, autant de femmes, souvent en majorité, pour parler de numérique, d’impact social ou d’innovation. La RDC est un marché extrêmement concurrentiel, qui pousse l’émergence et la créativité. La RDC c’est une vingtaine de banques parmi lesquelles certaines se positionnent comme des banques digitales ou des banques sociales au service des entrepreneurs, pour ne citer que Equity Bank. La RDC est un pays qui se construit autour d’un nouveau visionnaire, Félix Tshisekedi, certes considéré parfois comme impuissant face à l’opposition qui s’impose par sa majorité politique, mais ce nouvel élu véhicule un nouveau discours ouvert vers l’émergence et la bonne gouvernance, et une nouvelle manière de faire.

Pendant le Kinshasa Digital Week, j’ai d’ailleurs été agréablement surprise de voir le gouvernement aussi bien représenté et présent sur les deux jours de l’événement. L’honorable conseiller spécial du chef de l’état au Numérique, Dominique MIGISHA, et ses équipes sont restés et ont pris le temps de discuter avec les acteurs privés. Tous y étaient : Facebook, Orange, Publicis, Forbes, RFI, BBC Afrique, Digital Africa, les incubateurs, les startups, les professionnels de l’e-santé, les banques, etc. Cela prouve l’engagement de conduire la parole aux actes.

En somme, je suis tombée amoureuse de cette ville et des kinois.

J’ai commencé à m’y sentir chez moi : acheter du crédit internet chez les cambistes ou manger les grillades de poulet faits par les « nganda », accompagnés de makemba (banane plantain frit), n’ont plus de secret pour moi. Pas de bol pour moi je n’ai pas pu voir l’académie des beaux-arts, l’espace Texaf Bilembo, manger le fameux Maboké, rencontrer le singe le plus intelligent du monde : le bonobo (chimpanzé pygmée), voguer sur le fleuve congo en plein jour, ou encore le traverser pour me rendre à Brazzaville (Congo), seulement à 10mn de Kinshasa.

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Mais sans aucun doute j’y reviendrai.

Donc si vous êtes entrepreneur, que vous avez l’esprit aventureux et que vous connaissez déjà Lagos, Kinshasa est une ville que vous devez absolument découvrir.

Mais soit-dit en passant, si personne ne vous l’a dit encore, en allant à Kinshasa, prenez des dollars et n’oubliez pas qu’en quittant la ville, il vous faudra payer une jolie petite taxe de 55 dollars, le Go-Pass, auprès de la Régie des Voies Aériennes… J’en ai encore les séquelles !!!!

Mais bon c’est ça notre Afrique. Continuons de prendre les choses sportivement et de garder le bon côté de chaque chose.

Bakala té !

17 réflexions sur “Une béninoise à Kinshasa

      1. « L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera, au nord et au sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité. » Patrice Emery Lumumba
        C’est exactement ce qui est entrain de se passer…beautiful article!

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